L’objet de la nature
Commissaire : Mona Hakim
Artistes : Chloé Beaulac, Judith Bellavance, Yan Giguère, Normand Rajotte, Chih-Chien Wang.
Adélard présente une exposition de photographies en extérieur mettant en relation l’art actuel, le paysage et le patrimoine bâti dans les villages de Frelighsburg et de Dunham.
L’objet de la nature est une exposition conçue par la commissaire Mona Hakim, regroupant les artistes Chloé Beaulac, Judith Bellavance, Yan Giguère, Normand Rajotte et Chih-Chien Wang. Ces cinq artistes ont tous un lien singulier avec la nature, tantôt onirique, tantôt contemplative, poétique, mystique ou intimiste.
Dans tous les cas, ces artistes empruntent des voies obliques et transgressives, manoeuvrent entre réel et fiction. Leurs œuvres proposent ainsi, et avec une sensibilité aiguë, une vision élargie et une réflexion renouvelée sur notre lien avec la nature. « L’objet de la nature » peut être saisi dans son sens littéral (des référents matériels ou symboliques) et/ou en fonction des questionnements sur la perception que l’on a de la nature.
Vue des oeuvres Moule 14h15, St Lazare (bas) et Fleur de brugmansia nº1,Montréal (haut) de Yan Giguère sur l’ancien magasin général de Frelighsburg. Photo : Laurence Grandbois Bernard
Outre la beauté avérée des paysages de la Montérégie, omniprésents dans le milieu de vie de ses résidents, la région est reconnue pour ses activités agroalimentaires, touristiques et culturelles. Les bâtiments publics, la topographie et l’atmosphère ambiante des deux villages ici ciblés, conjugués à l’attachement véritable des citoyens pour l’art et l’éducation, ont tous influencé à leur manière la thématique de l’exposition. Ainsi, quinze œuvres photographiques reproduites en très grande dimension (trois œuvres par artiste) sont installées aux murs de bâtiments dont certains possèdent une valeur historique. Ces édifices emblématiques situés dans des endroits stratégiques des villages sont fortement liés à la mémoire collective des localités, où les multiples références au passé font partie intégrante du présent et de la vie quotidienne. Par exemple, l’ancien magasin général, datant de 1879, est aujourd’hui un café restaurant très fréquenté, ou encore la place de l’Hôtel de Ville accueille chaque semaine un marché de produits locaux couru par les habitants de la région.
Conséquemment, c’est à une expérience du territoire, à une façon de vivre l’esprit du lieu que nous convie le déploiement spatial des œuvres. En faisant littéralement corps avec les édifices qui les accueillent, les images s’infiltrent dans le quotidien des résidants de Frelighsburg et de Dunham, comme dans la trajectoire des nombreux visiteurs-promeneurs en période estivale. Cette infiltration crée un maillage entre le travail de l’art, le construit et la richesse du paysage environnant. De même, elle développe un sentiment d’appartenance au terroir des citoyens en y insufflant une signature identitaire visible dans le circuit piétonnier des villages.
Vue des oeuvres Persimmon on Hand de Chih-Chien Wang (gauche) et S.T. de Normand Rajotte (droite) sur l’hôtel de Ville de Dunham. Photo : Laurence Grandbois Bernard
Les quinze images, dont dix sont installées à Frelighsburg et cinq à Dunham, sont accompagnées chacune d’un court texte descriptif. Paysage-sanctuaire, nature morte, objet domestique, empreinte animale, corps ludique, motif fugitif, trace matérielle ou mnémonique font figure d’indices narratifs au sein des œuvres et sont à la fois sujets à des lectures transversales sur le concept même de nature. Leur dialogue tend à susciter des histoires parallèles, imprévisibles et émouvantes.
Si les œuvres photographiques participent ici à une redécouverte et à une mise en valeur du patrimoine d’une communauté, elles sont aussi prétextes à réexaminer et à réinventer nos propres cadres d’interprétation face à nos espaces naturels de vie.
Mona Hakim



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